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Les freins, ces précieux alliés (suite)

Les routes de montagne marquent souvent ceux qui les empruntent soit pour leurs magnifiques paysages… ou soit par la peur qu’ils ont ressenti lorsqu’une forte odeur de brûlé a pénétré l’habitacle de leur véhicule et que la pédale à freins ne répondait plus même en y mettant tout leur poids! Aussi curieux que cela puisse paraître, le problème que nous rencontrons avec nos vieux wests n’est pas de grimper les pentes, mais bien de les descendre de façon sécuritaire. Je n’ai jamais entendu un client me dire qu’il n’avait pas réussi à grimper une route de montagne (en y mettant bien sûr le temps nécessaire!). Par contre, j’ai eu quelques récits de conducteurs qui ont eu toute une frousse en redescendant! La raison est souvent une mauvaise utilisation du système de freinage. Même si le système de freinage en particulier sur les modèles Type 2 et Vanagon est un peu déficient (disons que c’est proportionnel à la puissance du moteur…), il suffira à la tâche si nous savons en tirer le maximum de profit. Tous ceux qui ont déjà parcouru les routes des montagnes rocheuses à l’ouest du Canada ou celles de l’ouest américain savent de quoi je parle. On y rencontre des pentes montantes sur une distance de vingt kilomètres qu’il faut bien redescendre un jour ou l’autre… J’aimerais vous donner quelques conseils de conduite afin que vous profitiez au maximum et en toute sécurité de votre petit véhicule que vous chérissez tant. Non pas que j’aie une formation de pilote professionnel mais je veux seulement vous faire profiter de mon expérience de conduite de Westfalia depuis plus de 20 ans et quelques 200,000 kms parcourus sur les routes de l’Amérique du Nord. J’ai aussi traversé les Pyrénées d’est en ouest lors d’un périple en Espagne au volant d’un Fiat Ducato aménagé en camping car. Plus récemment j’ai sillonné les routes d’Afrique du Sud du nord au sud incluant la fameuse Chapman’s Peak Drive (route panoramique parmi les plus célèbres au monde comportant pas moins de 114 virages sur une distance de 9 kilomètres) en conduisant un Mercedes Sprinter aussi aménagé en CC. J’ai donc acquis au fil des années une certaine expérience de conduite sur routes montagneuses et sinueuses.

Le frein moteur ou communément appelé «compression» est en réalité un phénomène mécanique provoqué par le moteur lui-même. Ce phénomène s’obtient uniquement en roulant et après avoir relâché la pédale d’accélérateur. Dans le détail, le frein moteur est en réalité ce qui se passe quand vous n’accélérez plus, c’est une décélération automatique et naturelle provoquée par le moteur qui donne une impression de freinage.

Pour mieux comprendre ce phénomène, imaginons que vous roulez à 90 km/h sur une route sur le quatrième rapport (quatrième vitesse). Vous enlevez simplement votre pied de la pédale de l’accélérateur, votre voiture ne va pas tenir sa vitesse de 90 km/h mais elle va être ralentie et freinée alors que vous n’avez pas encore touché la pédale de frein, ce phénomène est celui du frein moteur. Une notion importante: pour avoir du frein moteur il faut que le véhicule roule, mais il faut obligatoirement qu’une vitesse soit enclenchée. Une action sur la pédale d’embrayage ou le passage au point mort (neutre) annulent immédiatement le phénomène de frein moteur, car ils désaccouplent la boîte de vitesses. il faut donc que le moteur soit obligatoirement « en prise » c’est-à-dire avec une vitesse enclenchée. De même l’enfoncement de la pédale d’accélérateur annule immédiatement le phénomène.

Notez que le phénomène de frein moteur est beaucoup moins perceptible ou efficace sur un véhicule muni d’une boîte de vitesses automatique.

Le frein moteur peut également se définir d’une autre manière : « c’est lorsque les roues de la voiture entraînent le moteur ». Quand vous accélérez, c’est le moteur qui entraîne les roues et délivre la force motrice au travers de la boîte de vitesses, mais quand vous relâchez complètement l’accélérateur, les roues entraînent alors le moteur, sur l’élan de la voiture.

Votre moteur, quand il ne produit pas de puissance, en absorbe beaucoup à cause de ses pistons qui continuent de monter et de descendre dans les cylindres et créent ainsi le phénomène de frein moteur.

Ce phénomène fonctionne bien sur un véhicule comportant un moteur d’une certaine cylindrée comme sur l’Eurovan 5 cyl. 2.5 litres ou le 6cyl. 2.8 litres. Mais si vous roulez avec un type 2 de 1.7 litres ou un Vanagon de 1.9 ou même 2.1 litres : NE COMPTEZ PAS SUR LE FREIN MOTEUR POUR VOUS RALENTIR OU POUR VOUS EMPÊCHER DE PRENDRE DE LA VITESSE! La raison en est bien simple, le moteur n’est pas assez gros ou assez puissant pour retenir un véhicule de ce poids sur une pente prononcée.

Si l’on ne peut se fier sur le frein moteur ou compression pour nous ralentir ou nous empêcher de prendre de la vitesse en descendant une pente abrupte ou particulièrement longue, il ne nous reste qu’une seule alternative : LES FREINS. C’est pour cette raison qu’il faut que le système de freinage soit entretenu méticuleusement en particulier sur les modèles précités.

Même si le système de freinage est en parfaite condition, il faut faire très attention à ne pas passer en mode surchauffe car cette situation peut devenir très dangereuse et même catastrophique. Comme le dit si bien le ministère des transports dans ses publicités télévisées ou radiodiffusées : « Adaptez votre conduite à la condition de la route ». Quand on y réfléchit bien, il n’y a rien de plus vrai!

La prochaine fois où vous aurez à freiner sur de longues pentes descendantes, rappelez-vous cette règle.

Lorsque vous avez à freiner pour vous ralentir sur une longue pente, appliquez une pression suffisante sur la pédale de frein de façon à ralentir votre véhicule le plus rapidement possible. Une fois la vitesse revenue de 5 à 8 km/h sous la vitesse choisie, la pédale de frein doit être relâchée complètement. L’air circulant sous le véhicule se chargera de rafraîchir les composantes du système de freinage jusqu’à la séquence suivante. Souvenez-vous que la chaleur intense est l’ennemi de vos freins ! Une séquence de freinage « intensive » ne devrait jamais dépasser 3 ou 4 secondes. Chaque fois que votre véhicule reprendra de la vitesse, il suffira de répéter l’opération afin de ramener rapidement la vitesse à la normale désirée.

L’idée maîtresse est de mettre assez de pression sur la pédale afin de pouvoir la relâcher le plus rapidement possible. Donc, un freinage intensif et court ! Plusieurs conducteurs croient à tort qu’un freinage léger et soutenu évitera la surchauffe des freins mais c’est exactement le contraire. Je répète: UN FREINAGE INTENSIF ET COURT PERMETTRA AUX FREINS DE SE REFROIDIR ENTRE LES SÉQUENCES. Toutes les autres techniques ou pratiques sont à proscrire voire même dangereuses.

Mettre ces quelques conseils en pratique agrémentera sûrement votre prochaine séance de conduite sur routes montagneuses et prolongera du même coup la durée de vie de vos freins, ces précieux alliés…